Bonnes à tout faire
C'est au terme d'une ascension sportive de sept étages par un escalier étroit et peu commode, que l'on accède aux chambres des bonnes.
Elément indispensable de l'architecture Haussmanienne, les chambres de bonnes représentaient un refuge pour ces jeunes filles venues de province se placer à Paris au début du siècle dernier afin de devenir les esclaves d'une bourgeoisie peu disposée à leur accorder la moindre importance.
J'habite un appartement de type haussmanien comme il en existe des centaines à Paris.
Il a été construit en 1910.
J'ai aménagé mon bureau dans l'une de ces chambres.
Il a fallu faire quelques travaux d'aménagement, notamment, supprimer un coffrage qui me privait de précieux centimètres carrés (la chambre fait moins de 6m2 au total).
C'est à l'occasion de ce petit rafraichissement, que j'ai eu la bonne surprise de découvrir un papier peint assez ancien couvert de poussière et de crasse.
Merci Eugène Atget!
De quand date ce papier?
J'ai mené mon enquête afin de dater au mieux cette relique (le papier était devenu plus fin que du papier à cigarette).
Sur internet, je tape "Eugene Atget / intérieurs parisiens" car je connaissais le travail de ce photographe.
En effet, ce monsieur a décidé sur la fin de sa vie vers 1910 de documenter les intérieurs des parisiens toutes classes sociales confondues.
Détail du bouquet principal
Ce travail, nous permet de mieux comprendre les arts décoratifs de l'époque.
Et bingo!
Je retrouve le même style de papier peint que celui retrouvé dans ma chambre de bonne.
De plus, ce qui finit de me convaincre, c'est la présence d'une frise en haut du papier.
Frise présente également dans la chambre de bonne mais en trop mauvais état pour être photographiée.
Le papier date donc effectivement de cette époque.
C'est très émouvant surtout en tant que dessinatrice de motifs de découvrir ce vieux papier.
Des bouquets de fleurs et des rubans
Le dessin représente un ensemble de bouquets de marguerite ou de chrysanthèmes (si vous savez, n'hésitez pas à me le dire) et de muguet.
Un ruban et une demi-couronne de fleur complètent l'ensemble.
Je suis interpellée par la délicatesse des pétales.
Elles ressortent particulièrement bien sur le fond bronze.
Bon, au niveau des couleurs, ça ne fait pas vraiment rêver j'en conviens, mais la composition est intéressante et vraiment caractéristique de l'époque au vu des recherches que j'ai effectuées.
Re-donner vie au design
J'ai envie de re-dessiner l'ensemble pour retrouver l'esprit de ce papier peint.
J'ai un peu le sentiment d'être une restauratrice du patrimoine... ; )
Il faut dans un premier temps dessiner les différentes fleurs ainsi que les éléments tels que les rubans.
Quelques feuilles, et je travaille ensuite les dessins à l'ordinateur.
Je compose le bouquet principal.
C'est l'élément central du motif composé en raccord sauté.
Le bouquet central ainsi recomposé, je peux poursuivre avec le bouquet de muguets et les rubans.
Puis, dans un second temps, je lui redonne sa couleur d'origine.
C'est donc à ça que ressemblait le décor.
Cela semble curieux de trouver des chambres de bonnes décorées de papier peint.
Peut-être une fan de déco?
Maintenant, sortons de la figure imposée par ce papier
Je reprends les éléments déjà dessinés et j'en dessine d'autres.
Je créé un autre motif cette-fois-ci en all over.
Je choisis la sobriété d'une couleur vert tendre pour contrebalancer la composition un peu plus chargée.
En 1910, il était de coutume d'associer une frise au papier peint.
Elle était généralement positionnée en haut du mur.
De nos jours, malgré un revival dans les années 80, cet élément décoratif n'est plus vraiment dans l'air du temps.
Ce n'est pas une raison pour ne pas tenter de ré-interpréter cette tendance tombée dans l'oubli.
Dans un premier temps, je garde la couleur initiale.
J'agrandis la frise afin d'en faire un vrai décor à part entière.
Enfin, voici deux autres propositions afin de varier les couleurs.
Alors, on en pense quoi de la nouvelle frise 2022?
